Dans la série « Les Grandes Maladies des Chevaux », nous avons déjà traité la Rhinopneumonie, la Gourme et les maladies à Tiques. Abordons aujourd’hui la Leptospirose.
Les Leptospires et leurs réservoirs
Ce sont des bactéries, il en existe plusieurs variétés, nommées « sérovars », et chez le cheval on retrouve essentiellement :
- Leptospira icterohaemorragiae (considérée comme la plus pathogène = la plus « méchante »),
- Leptospira grippothyphosa,
- Leptospira australis,
- Leptospira automnalis,
- Leptospira interrogans (qui est aussi pathogène pour l’homme, donc la Leptospirose est une « zoonose », c’est-à-dire une maladie transmissible à l’homme).
Ces bactéries sont de très petite taille, difficilement observables au microscope.
Les animaux réservoirs sont surtout les rongeurs (rats, souris, mulots, campagnols) mais aussi d’autres petits mammifères comme les hérissons, les lièvres, les blaireaux,…
Ces animaux excrètent les leptospires dans leur urine, contaminant ainsi les eaux stagnantes, les abreuvoirs des écuries, la nourriture des chevaux, les sols, … bref, tout ce qui peut être atteint par leurs urines.
C’est dans les eaux stagnantes contaminées par l’urine de petits mammifères que les chevaux peuvent attraper la maladie. Les chevaux se contaminent par ingestion des leptospires, ou par voie cutanée en cas de blessures et de contact prolongé.
Les leptospires sont résistantes et peuvent survivre longtemps dans l’eau et dans les sols.
Symptômes de la maladie
Notion de « porteurs / excréteurs »
Une fois contaminés, les chevaux peuvent développer la maladie, ou pas. S’ils ne la développent pas, ils peuvent néanmoins être « excréteurs », c’est-à-dire contaminants, en répandant les bactéries par leurs urines surtout, mais aussi le lait, le sperme, ou autres sécrétions.
Expression clinique
La forme aiguë est rare chez les chevaux, en général la leptospirose est une maladie sourde, qui évolue à bas bruit, cause de méforme inexpliquée, de baisses de forme, d’accès de fièvre modérés mais récidivants, d’ictère léger (coloration jaune des muqueuses), de bilans sanguins « pas bons »… C’est pour cela qu’elle n’est souvent pas diagnostiquée immédiatement, mais le plus souvent quand un cheval n’est « pas bien » de façon récidivante et quand les autres causes ont été éliminées (en particulier la Piroplasmose qui peut donner des signes assez similaires).
Une leptospirose chronique peut entraîner une uvéite (atteinte des structures vasculaires de l’œil), douloureuse et risquant de faire perdre la vue au cheval. L’uvéite chronique est un « vice rédhibitoire », donc pouvant annuler une vente dans les 30 jours.
Diagnostic
Il est fait grâce à une prise de sang, et la demande de recherche sérologique dans un laboratoire spécialisé.
Une fois les résultats obtenus, encore faut il savoir les interpréter, en particulier dans les zones « douteuses », c’est-à-dire quand la positivité n’est pas franche, car comme nous l’avons vu, un certain nombre de chevaux sont positifs (et donc porteurs) sans être malades.
C’est le vétérinaire qui saura juger en tenant compte de l’examen clinique, de l’historique du cheval, de son âge, et des résultats du laboratoire.
Traitement
Lorsqu’il y a lieu de traiter, avec pour objectif d’éliminer les leptospires qui sont dans l’organisme, les antibiotiques sont efficaces puisque l’on a affaire à des bactéries.
Le vétérinaire jugera de l’antibiotique à utiliser, et des traitements symptomatiques à mettre en œuvre pour soutenir le fonctionnement des organes préférentiellement atteints (foie, rein, appareil génital…)
Prévention
Il n’existe pas de vaccins chez les chevaux, alors qu’il en existe un pour les chiens (très sensibles à cette maladie).
Chez les chevaux, les deux actions majeures visent :
- Les rongeurs
- Les eaux stagnantes (drainage)
Les rongeurs sont souvent le fléau des écuries, car attirés et nourris par les aliments des chevaux à base de céréales, ils prolifèrent très rapidement. Il faudra alors faire très attention à ce qu’ils ne puissent pas avoir accès aux aliments (bacs fermés, attention aux sacs crevés, etc…), et faire entretenir l’écurie par une entreprise de dératisation, ou opter pour les chats (préférer les femelles qui sont souvent plus « chasseuses » que les chats mâles) d’écuries qui peuvent également faire le travail !
Dr Aude Lhérété, Vétérinaire équin pour le groupe La Compagnie des Animaux
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