La maladie d’Addison ou insuffisance surrénalienne ou encore hypocorticisme, est une maladie très complexe, fréquente chez le chien et l’homme et assez rare chez le chat, car probablement sous-diagnostiquée. Elle résulte d’un mauvais fonctionnement des glandes dites « surrénales » situées au-dessus de chaque rein.
Qu’est-ce qu’une glande surrénale ?
C’est une petite structure située sur le rein qui produit des stéroïdes.
Les stéroïdes sont une catégorie de lipides ayant une structure chimique particulière « de stérol » comme le très connu cholestérol. Dans le vocabulaire médical, ce terme fait surtout référence aux « hormones stéroïdiennes ».
La surrénale possède deux parties, une partie corticale (périphérique) appelée la corticosurrénale et une partie centrale, la médullosurrénale :
- La médullosurrénale produit des catécholamines : adrénaline et noradrénaline, qui ont une action dans la défense contre les agressions de l’organisme et la circulation sanguine.
- La corticosurrénale produit notamment des glucocorticoïdes, comme le cortisol, ou des minéralocorticoides, comme l’aldostérone. Or, ce sont ces hormones qui régulent une partie des échanges d’eau et d’ions de l’organisme, agissent sur le rein, la tension artérielle, favorisent la mise en réserve de glucose, la transformation de protéines en acides aminés, la redistribution des graisses, certaines ont une action anti-inflammatoire et immuno-supressive… Elles ont donc des actions très importantes pour l’organisme !
Qu’est-ce que l’insuffisance surrénalienne chez le chat ?
C’est une maladie métabolique, c’est-à-dire qui touche au fonctionnement de l’organisme. Lors d’une insuffisance surrénalienne, c’est la corticosurrénale de chaque glande (surrénale) qui ne fonctionne plus comme il faut.
Si votre chat a une maladie d’Addison, ses corticosurrénales ne produisent plus correctement les stéroïdes essentiels au fonctionnement de son organisme.
Et ce serait principalement la destruction auto-immune ou des tumeurs de la corticosurrénale qui seraient à l’origine de la maladie chez le chat.
Comment suspecter la maladie ?
Les signes de la maladie d’Addison ne sont pas très spécifiques, comme pour la plupart des maladies de notre petit félin domestique : on observe des vomissements, une diarrhée, une faiblesse générale, une anorexie, des pertes de poids et une déshydratation. Ces signes sont fréquemment associés à une augmentation de la prise de boisson (polydipsie) et une augmentation en conséquence du volume d’urine émis (polyurie).
La maladie est dite aiguë si elle apparaît brutalement et chronique si son évolution est lente et qu’elle s’installe progressivement.
Une insuffisance surrénalienne peut être très grave et amener à un coma.
Maladie d’Addison ou insuffisance rénale, le diagnostic est parfois difficile
C’est la maladie la plus souvent confondue avec l’insuffisance rénale. Sauf que dans le cas d’une maladie d’Addison, l’animal est plutôt jeune alors qu’il est plutôt âgé pour la maladie rénale. En dehors de cet élément, malheureusement insuffisant pour le diagnostic, les signes sont assez identiques pour les deux maladies : léthargie, vomissements, diarrhée, anorexie et polyuropolydipsie…
Parfois les désordres électrolytiques dus à la maladie d’Addison ne sont pas décelés tout de suite, ou même recherchés, ce qui augmente la confusion avec une insuffisance rénale ou une maladie gastro-intestinale.
Comment en faire le diagnostic ?
Attention, malgré l’état de faiblesse éventuellement important, il réalisera parfois les examens de sang avant l’administration de traitements, y compris de perfusions. Car dans le cas contraire, il lui faut attendre 36 heures sans donner de traitement ou préciser au laboratoire qui pratique les analyses quels traitements ont été donnés pour que les résultats soient lisibles.
Les paramètres « biochimiques » modifiés par la maladie sont les électrolytes comme le potassium, sodium, chlore, phosphate, mais aussi les protéines, l’urée, la créatinine, le cortisol... On observe alors une hyperkaliémie (augmentation du taux de potassium dans le sang), une hyperphosphatémie, une hypochlorémie, une hyponatrémie (baisse du taux de sodium dans le sang) et un rapport urée sur créatinine augmenté ainsi qu’un taux de cortisol diminué.
Les anomalies des cellules du sang typiques de la maladie chez le chien - anémie (baisse anormale du nombre de globules rouges), la lymphocytose (augmentation anormale du taux de lymphocytes) ou l’éosinophilie (augmentation de certains des globules blancs appelés éosinophiles) – ne sont pas toujours présentes chez le chat.
Le vétérinaire peut aussi pratiquer une analyse d’urine. La densité urinaire est souvent basse, quand la maladie est présente.
Le diagnostic de certitude repose sur le « test de stimulation à l’ACTH » : L’ACTH (ou Adreno CorticoTrophic Hormone) ou hormone corticotrope, ou encore adrénocorticotrophine est secrétée par la thyroïde et stimule les glandes corticosurrénales. C’est en agissant sur des récepteurs spécifiques du cortex des surrénales que l’ACTH provoque la stéroïdogenèse (synthèse de stéroides). Dans le cas d’une maladie d’Addison le taux d’ACTH dans le sang est augmenté (car les surrénales ne répondent pas).
Le test consiste donc à faire une prise de sang à T0, puis une injection intramusculaire d’ACTH et enfin une seconde prise de sang 40 à 90 minutes plus tard. Une concentration en cortisol faible malgré une concentration en ACTH élevée, et la persistance de cette valeur de cortisol basse seront significatives de la maladie et la confirmation diagnostique de la suspicion d’hypocorticisme primaire, c’est-à-dire venant d’une maladie de la corticosurrénale.
Après une stimulation à l’ACTH les valeurs normales (lorsque les surrénales fonctionnent) sont augmentées :
- Pour le cortisol : entre 100 et 350 nmol/L
- Pour l’aldostérone : entre 350 et 850 pmol/L
Si votre chat est malade, l’injection n’a pas l’effet attendu puisque la partie de la glande surrénale qui devrait répondre ne fonctionne plus.
Lorsque l’on suspecte une maladie surrénalienne, l’échographie permet également de visualiser les surrénales et de regarder si leur taille, leur forme et leur échogénicité (réponse aux émissions d’ultrasons de l’échographe) sont normales ou modifiées.
Comment traiter la maladie d’Addison chez le chat ?
Généralement votre vétérinaire met en place un traitement au cas par cas, qui correspond à la forme de la maladie, aigue ou chronique, et à sa cause.
Les traitements courants impliquent l’administration de corticoïdes pour suppléer le manque et souvent une fluidothérapie, pour corriger des déséquilibres électrolytiques.
C’est néanmoins au cours de l’évolution et du suivi, impératif, que les réponses de l’organisme de votre chat vont lui permettre d’affiner à la fois le traitement et le diagnostic étiologique (de la cause) pour une récupération optimale de l’état général.
La maladie d’Addison fait partie des maladies qualifiées « d’émergentes » chez le chat, à la fois en raison de l’augmentation de la « médicalisation » de notre petit félin domestique et des progrès techniques de la médecine féline, notamment en terme de diagnostic…
Dr Muriel ALNOT, vétérinaire pour Le Groupe La Compagnie des Animaux
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