jeudi 2 mai 2019

Les plantes toxiques chez les chevaux

 Les plantes toxiques chez les chevaux

Naturellement, instinctivement, les chevaux évitent les plantes toxiques. Les problèmes peuvent arriver lorsque les plantes sont « cachées » dans le foin ou la paille, ou lorsque les prairies sont pauvres et qu’ils mangent ce qu’il reste. Enfin, il y a des plantes qui les attirent quand même et qui sont toxiques à faible dose. 

Nous ne traiterons pas toutes les plantes toxiques en un seul article, abordons donc aujourd’hui 3 cas importants.


L’Érable & la myopathie atypique 


Il n'y a pas un printemps ou un automne lors desquels nous n’entendons pas parler de chevaux morts de myopathie atypique

Voici une géolocalisation des cas recensés (à droite) : 

Répartition des cas géolocalisés survenus au cours de l’automne 2013 (en rouge) et des 12 cas survenus entre l’automne 2004 et l’automne 2011 inclus dans l’étude (en jaune), Source : AMAG 

C’est l’ingestion des « graines » d’Érable Sycomore, graines nommées « samares », que nous connaissons tous pour les avoir fait tournoyer comme des hélicoptères étant enfants. 


Les autres types d’érable (Érable champêtre, Érable plane, …) ne contiennent pas la toxine incriminée : l’hypoglycine A. 

Dans les cas répertoriés aux USA, c’est l’Érable Negundo qui est incriminé. 

Cette toxine est également présente dans les « plantules », les toutes petites pousses d’érable sycomore, très tendre, que l’on trouve au sol au printemps. 

     

Une fois ingérée, la toxine est foudroyante, les symptômes d’intoxication apparaissent rapidement. L’atteinte musculaire se généralise, on observe au départ une raideur, puis une paralysie, des urines marrons, le cheval se couche pour ne plus se relever. 
La mortalité est estimée à 75%, et le nombre de cas par an, ceux recensés et ceux qui échappent aux statistiques, doit tourner aux alentours de 1000. 
C’est bien évidemment une urgence vétérinaire. 

En cas de cheval retrouvé mort au pré, il est important de contacter votre vétérinaire, car cette maladie est en cours d’étude, et il est important de répertorier les cas pour mieux la connaître et la prévenir. 


Le Seneçon 


Plante herbacée extrêmement fréquente, et donc présente dans les pâtures. Normalement les chevaux n’en mangent pas, mais en cas de disette, ou dans le foin… 

     

Les chevaux l’ingèrent sur pied, ou dans le foin. La plante contient des substances toxiques pour le foie. Ces substances, des alcaloïdes, donnent un goût amer à la plante, c’est pourquoi les chevaux ne l’ingèrent que rarement. Le problème est que cette amertume diminue lors du séchage, et les mauvais foins en sont souvent infestés. 

L’intoxication aiguë est rare, elle est le plus souvent progressive, sur une consommation de 6 à 8 semaines, puis les symptômes d’insuffisante hépatique apparaissent brutalement : amaigrissement, perte d’appétit, coliques, réactions cutanées au soleil… 


L’if à baies (Taxus Baccata) 


Toutes les parties de l’arbre sont toxiques, sauf les « arilles », petites boules rouges et sucrées qui recouvrent la graine. 

Le plus souvent, ce sont les déchets de taille, tombés dans les pâtures lors de la coupe si les haies contiennent des ifs, qui sont responsables d’intoxication. En effet, la toxicité ne diminue pas au séchage. L’if est bien consommé car les feuilles ne sont pas piquantes et ne présente pas d’odeur de résine. 
100 grammes suffisent à tuer un cheval, espèce très sensible aux alcaloïdes contenus et aux substances toxiques pour le cœur. 
La mort est souvent brutale, quelques minutes à quelques heures après l’ingestion : tremblements, coliques, diarrhée, atteinte cardiaque. 


En conclusion, éviter de planter ces végétaux dans les écuries, en haies de pâtures, etc… C’est du bon sens mais on trouve encore des Ifs décoratifs dans certaines écuries ! 

Éviter le sur-pâturage, propice au développement des plantes adventices tel le Seneçon, qui se répand rapidement dans les prairies pauvres. 

Quant à l’Érable Sycomore, c’est un vrai problème car les samares se répandent avec le vent. Mais avant de couper un arbre, vérifiez bien que c’est un sycomore et non une autre espèce d’Érable. 

Nous compléterons cette série lors d’autres articles.

Dr Aude Lhérété, Vétérinaire équin pour le groupe La Compagnie des Animaux

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