Ecoeurante, et surtout perçue comme un trouble comportemental par la
majeure partie des humains, la coprophagie est pourtant vitale chez
certaines espèces de rongeurs (lapins, chinchilla…) qui réingèrent leurs
caecotrophes (selles émises le matin). Elle leur permet en effet une digestion
en deux temps et des apports nécessaires en protéines et vitamines.
Chez nos carnivores de compagnie (chien et chat)
c’est une autre histoire : c’est une pratique maternelle normale et
nécessaire que d’avaler ce qui est émis jusqu’à ce que chiots ou chatons
puissent s’éloigner (au moins trois semaines d’âge) pour faire seuls leurs
besoins hors du nid …
Mais en dehors de ces circonstances
précises, cette pratique répugnante pour un humain est-elle normale ou
anormale ?
Chez les chiots avant l’âge de la puberté ce n’est pas forcément pathologique
La
coprophagie est souvent observée chez le chien, rarissime chez le chat. Elle
tend à disparaître aux alentours de la puberté. En revanche, elle reste
inacceptable pour un être humain qui imagine ou perçoit très nettement un
changement d’haleine chez son compagnon et lui refuse aussitôt câlins et
contacts, voire le punit.
La coprophagie chez l’adulte doit
être sérieusement étudiée car elle est le signe d’un souci médical et/ou comportemental
Chez le
chien adulte, et même chez l’animal autour de la puberté, l’on commence par
vérifier la qualité de la ration alimentaire et surtout le type de selles
ingérées. Pourquoi ?
Parce
que certaines déjections sont quasiment assimilées au rang de friandises pour
votre chien : crottes de chat, de lapin, de chèvre, crottin de cheval,
bouse de vache… étant donné les éléments qu’elles contiennent, mais qu’en
revanche absorber ses propres selles ou celles d’autres chiens est moins banal
pour un chien adulte.
La coprophagie peut être le signe de
troubles de l’assimilation :
- Par exemple, lors d’une mauvaise
assimilation des nutriments (syndrome de malabsoprtion-maldigestion), voire une
mauvaise qualité de la ration alimentaire (déchets de boucher, tendons,
sous-produits animaux tels les poils, corne de sabots, plumes…) pouvant
entrainer des modifications du fonctionnement de la flore intestinale
(dysbiose) ou si elle contient des éléments en excès : ration trop grasse ou
trop « sucrée » (amidon rejeté dans les selles)
- Ou encore lors de déficit
pancréatique (déficit enzymatique) de nombreux éléments non digérés restent
présents dans les selles (graisses, sucres…)
- lors de parasitisme
intestinal : en effet, les affections parasitaires comme la giardiose
(infestation par un Protozoaire) perturbent l’assimilation des graisses
- lors de transit accéléré (mauvaise
digestion des aliments)…
ou le signe de carences alimentaires
sévères : elles entrainent retards de croissance,
amaigrissement et coprophagie. Le fait que le chien « compense »
en ingérant des selles est souvent évoqué dans cette situation dont les
mécanismes sont bien plus complexes.
La coprophagie peut-être également le signe de troubles comportementaux
- Certains chiens dits hyper-actifs
avalent tout ce qui traine, y compris des excréments, sans pour autant être
attirés par ce qu’ils avalent et ne prennent donc pas le temps de s’y
intéresser.
- Les vieux chiens peuvent aussi être coprophages,
reprenant en apparence une exploration buccale de jeune chiot
- Les chiens malpropres punis pour
avoir fait leurs selles dans la maison en absence de leurs propriétaires
apprennent parfois à les faire disparaître en les avalant !
Attention,
se précipiter pour empêcher un chien de manger ses selles est généralement
contre-productif : le chien peut comprendre que cela sert à communiquer ou
au moins à obtenir de l’attention et trouver un intérêt à continuer…
Il faudra
donc :
-
Régler les problèmes
médicaux : vérifier la qualité de la ration alimentaire et le bon
fonctionnement de l’organisme de votre animal avec votre vétérinaire.
- Évaluer l’hypothèse de
troubles comportementaux.
- Eviter
de renforcer le comportement en ne s’intéressant pas au chien lorsqu’il avale
ses selles : or, pour se retenir d’intervenir, il faut pouvoir éviter la
coprophagie le temps de faire disparaître la cause…
En
attendant vous pouvez alors
- bloquer
l’ingestion des selles avec une muselière, notamment
lors des promenades dans la rue
- mettre
la litière du chat hors d’atteinte
- rendre
les selles inappétantes : pour cela, un produit existe : Copronat,
dont les extraits de Yucca schidigera réduisent la production de métabolites
aromatiques impliqués dans la production d'odeurs (sulfures notamment), et
modifient sensiblement le caractère aromatique des fèces. Elles perdent alors
leur intérêt gustatif…
Petite remarque : le poivre ou le tabasco
saupoudré sur les selles n’ont généralement pas d’effet.
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