vendredi 24 février 2017

Dogteur vous dit tout sur la « Tendinite » chez le cheval et surtout, comment agir vite !


Tendinite, tendon, qu’est-ce que c’est ?

Le tendon est une sorte de corde de tissu conjonctif reliant le muscle à l’os, mobilisant ou stabilisant une articulation. Il peut supporter jusqu’à 2 tonnes en pression.
Comme tous les termes médicaux en « -ite », tendinite désigne une inflammation de la partie concernée, ici le tendon. Le terme est communément utilisé pour toutes les maladies des tendons. Or il faudrait en réalité parler de « tendinopathie » c’est à dire de l’atteinte des tendons et de leur gaine. En effet, certaines tendinopathies ne sont pas inflammatoires (-ite) mais des maladies dégénératives (-oses) ce sont donc des « tendinoses ».
Chez le cheval, ce sont souvent les tendons fléchisseurs profonds ou superficiels (TFP et TFS) qui sont atteints.

Quelle différence avec les ligaments ?

Les ligaments relient les os ou les organes entre eux (pas les muscles aux os)
Chez le cheval c’est souvent le ligament suspenseur du boulet (LSB) qui est touché.
Lors d’atteinte des ligaments on parle de « desmopathie » (littéralement = maladie des liens)

Le mécanisme pathologique

Ligaments et tendons sont des structures formées de 70% d’eau et de 30% de fibres constituées de collagène surtout de type I et de protéines non collagéniques, dont des glycosamino-glycanes (GAG). Lors d’atteinte des tendons ou des ligaments des procédés inflammatoires puis un processus de réparation des fibres s’enchaînent avec une période de fragilité importante entre le 5ème et le 7ème jour. Si le mécanisme s’emballe l’inflammation peut durer, la zone touchée peut gonfler et une fibrose (cause de rigidité) peut s’installer !

Qui sont les chevaux les plus touchés ?

A exercice égal, ce sont les jeunes, les vieux et les chevaux en surpoids (ou dont le cavalier est lourd !) qui sont les plus touchés.
Mais ce sont bien évidemment les conditions de vie et le type d’activité (son intensité) qui font une réelle différence : Le cheval de dressage ou de sport (CSO, course…) est bien plus fréquemment atteint que le cheval de club, et le type de contrainte biomécanique propre à l’activité détermine quels tendons ou ligaments seront atteints.

Comment le voir vite : les symptômes

La prise en charge rapide de ces lésions est déterminante pour le pronostic. Plus vite vous repérez la tendinopathie, moins elle risque de s’aggraver.  
Les premiers signes sont souvent une boiterie, parfois controlatérale c’est à dire de l’autre côté par rapport à une première lésion plus discrète, restée invisible. Attention en effet, certains chevaux ne boiteront pas, et montreront seulement une variation de l’amplitude de leur foulée ou des préférences de main au galop (main droite pour une lésion sur l’antérieur gauche par exemple).
Parfois même seule une déformation de la peau sera visible et ce sera à la flexion du membre avec le test « à la pince » (pincement ou pression de la zone concernée lors de la mise sous pression du tendon qui se traduit par un retrait ou un mouvement de défense). Pour être fiable, le test doit être réalisé des deux côtés.

Diagnostic

S’il suspecte une tendinopathie, le vétérinaire procède à un examen à distance, en faisant marcher le cheval au pas, puis à un examen rapproché et confirme son hypothèse par une échographie, voire une scintigraphie osseuse.

Que faire lors de tendinopathie ?

L’arrêt du sport ou de l’entrainement intensif est obligatoire

Cependant, l’on doit mettre le tendon ou le ligament au repos, pas le cheval ! Alors comment faire ?
  •     Gardez-lui une activité modérée, en fonction de l’atteinte, à évaluer avec votre vétérinaire (par exemple en évitant le travail sur le cercle pour les lésions asymétriques) 
  •         Choisissez le type de sol en fonction de la lésion (par exemple un sol souple pour une atteinte du TFP)
  •      Faites-lui adapter sa « chaussure » : des modifications effectuées par le maréchal ferrant permettent de jouer sur le roulement du pied et ses appuis en diminuant les contraintes (fers « Napoléon » ou à l’envers ; fers en aluminium pour éviter les vibrations et diminuer le poids ; fers asymétriques avec une branche plus large d’un côté pour des lésions latérales…)
  •     Evitez la formation de tissu cicatriciel par « cryothérapie » (des douches froides fréquentes ou emploi de gels refroidissants)

Des traitements adaptés ?

-      Les anti-inflammatoires limitent l’inflammation et donc la douleur, cependant l’usage de corticoïdes directement injectés au niveau de la lésion peut entrainer sur le long terme des calcifications dans le tendon, leur utilisation doit être restreinte
-     L’injection de chondroprotecteurs (protecteurs du cartilage) peut favoriser la réparation tendineuse
-      La prise orale de chondroprotecteur et notamment de chondroïtine sulfate peut faire une réelle différence si la source, la dose et le poids moléculaire rendent le produit utilisable par voie digestive !

Evitez

-      De reprendre l’exercice trop vite : une tendinite aigue doit être suivie d’un repos de 6 à 8 mois avant le retour à l’entrainement
-    La lithotripsie (utilisation des ondes de choc) : elle est en effet contre indiquée sur des lésions aigues
-    L’utilisation de PRP (Patelet Rich Plasma) : c’est un traitement cher à partir de cellules souche, qui n’a pas aujourd’hui fait la preuve d’une efficacité supérieure à celle d’un placébo…d’autant plus couteux qu’il n’a pas un effet démontré
-    Les feux (traitement par cautérisation, c’est à dire par brûlure) avec des liquides, des pointes : leur efficacité est douteuse et leur usage génère de fortes douleurs, voire des infections.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bonjour, rendez-vous sur notre nouveau blog :
http://dogteur.blogspot.fr/

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.