jeudi 7 avril 2016

La piroplasmose chez le chien

La piroplasmose ou Babésiose est une maladie due à un parasite du genre Babesia, le piroplasme, qui pénètre dans les globules rouges (les érythrocytes) et s’y multiplie. Sa multiplication dans l’érythrocyte aboutit à l’éclatement de la cellule sanguine. Les piroplasmes ainsi libérés vont à nouveau pénétrer dans d’autres globules rouges et s’y multiplier …etc. C’est une maladie grave lorsque la quantité de cellules sanguines détruite (hémolyse) est importante : le résultat est une anémie (nombre anormalement faible de globules rouges dans le sang). Les déchets des cellules sanguines vont aussi provoquer des atteintes importantes du foie et des reins.

Comment votre chien peut-il l’attraper ?


C’est lors d’une morsure d’un acarien particulier, la tique, si celle-ci est parasitée par le piroplasme, que celui–ci passe dans le sang du chien et pénètre dans les globules rouges. Le babesia est contenu dans la salive anticoagulante de la tique et est injecté au moment du repas de sang du parasite. L’incubation dure entre 2 et 5 jours mais parfois elle peut être beaucoup plus rapide (24h) ou beaucoup plus lente (20 jours).
En France, les tiques se trouvent dans les sous bois humides, plutôt dans la moitié sud du pays (Sud ouest et Massif central) à des températures comprises entre 7 et 25°C, mais l’on en trouve également en région parisienne et dans l’Est.
Il existe deux agents de la piroplasmose chez le chien : Babesia canis canis et Babesia canis vogeli.

Quelles tiques trouve-t-on  en France ?


Il existe trois sortes de Tiques :
Rhipicephalus sanguineus
Dermacentor reticulatus
Ixodes ricinus / hexagonus
Les deux premières transmettent le piroplasme au chien, et sont principalement actives au printemps et à l’automne ce qui explique le nombre important de cas à ces périodes de l’année. Les chiens les plus exposés sont les chiens de chasse ou de ferme, mais aucune race n’est à l’abri.

Quels sont les symptômes de la maladie ?


Ce sont la fatigue, les signes de faiblesse, l’anorexie, l’anémie, l’ictère (coloration jaune des muqueuses liée à l’accumulation des produits de dégradation de l’hémoglobine), la fièvre et surtout une coloration brun foncé de l’urine qui permettent de suspecter l’existence de la maladie. Avec Babesia vogeli les symptômes sont plus discrets.
Mais parfois ce tableau clinique n’est pas observé et c’est face à des présentations atypiques comme des atteintes respiratoires, articulaires, digestives ou encore hépatiques (splénomégalie = augmentation de la taille du foie, par exemple), des troubles comportementaux  ou même neurologiques, que le parasite sera recherché (voir la partie diagnostic ci-dessous).

Diagnostic : trois techniques existent pour vérifier les hypothèses déduites du tableau clinique
Le frottis sanguin
C’est une goutte de sang étalée sur une lame « en frottis », coloré ou non, qui permet de mettre en évidence l’existence du parasite dans les érythrocytes : on observe alors de petites structures isolées de quelques microns en forme de poire (d’où le nom de piroplasme ) ou appariées  « aspect bigéminé » ou encore parfois rassemblés par 4 « en croix de Malte »  pour les plus petits. En tout début d’évolution, on préfère prélever une goutte de sang d’origine capillaire, prélevé à l’oreille avec une pointe d’aiguille, pour avoir plus de chances d’observer le parasite
La sérologie
La recherche d’anticorps anti-babesia est possible seulement après deux semaines d’infection car auparavant ils ne sont pas détectables elle n’est donc pas adaptée au diagnostic des atteintes aiguës. Cette méthode diagnostic utilise l’immunofluorescence, un marquage de l’anticorps par un fluorochrome, c’est à dire une substance chimique qui émet de la lumière.
PCR = Polymerase Chain Reaction ou amplification en chaine par polymerase est une technique qui permet de détecter la présence du parasite et son importance dans l’organisme. La sensibilité de cet examen est supérieure à celle de l’observation du frottis sanguin et permet également de déterminer quel genre de babesia est responsable de l’infection. C’est donc une méthode qui permet de donner un pronostic et de choisir le traitement en mesurant le taux d’infestation par les Babesia. Cependant la méthode peut présenter des faux négatifs, notamment lors de maladie chronique. Elle est également peu adaptée aux atteintes aiguës.

Traitement


Le traitement classique associe l’injection d’un antiparasitaire, l’imidocarbe à des traitements symptomatiques.
Le pronostic est généralement réservé, car l’atteinte est souvent grave et les complications sont fréquentes, sauf si le traitement est précoce.

Prévention


L’infection n’est pas totalement immunisante, le chien peut donc être infecté et malade plusieurs fois dans sa vie. La meilleure méthode reste de le protéger des tiques (collier, spot-on, pipette, vaporisateur ou shampooing) selon les conseils du vétérinaire. Il est important de vérifier le pelage de votre chien après chaque sortie et d’utiliser un crochet à tiques pour les retirer si vous trouvez des parasites dans les poils.
L’injection d’imidocarbe peut aussi protéger le chien pendant 1 mois environ.
Il existe également un vaccin, le Pirodog, administré en deux injections à 4 semaines d’intervalle (sans l’associer avec un autre vaccin) mais la protection vis-à-vis des piroplasmes est parfois imparfaite.


En revanche, en France chez le chat, la piroplasmose est rarissime.

Pour une solution adaptée à votre chien et à son mode de vie, vous pouvez consulter notre sélection d'antiparasitaires efficaces contre les tiques. Attention nous vous conseillons vivement d'avoir l'avis de votre vétérinaire avant l'utilisation d'antiparasitaires et de lire attentivement la notice. 


Dr Muriel ALNOT, vétérinaire pour La Compagnie des Animaux

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