A entendre le mot « épilepsie » tout
le monde imagine aussi tôt un chien couché par terre tremblant et bavant… c’est
presque ça ! Le terme vient du grec ancien epilambanein qui veut dire « prendre
par surprise ». Si l’épilepsie est un mal observé
chez l’humain depuis l’antiquité, en médecine vétérinaire, sa reconnaissance et
sa prise en charge sont plus tardives. Cette maladie est en effet bien décrite
chez le chien, pour qui elle existe sous plusieurs formes.
C’est votre vétérinaire qui fera le diagnostic
Plusieurs types
de manifestations anormales peuvent être suspectées d’être « de
l’épilepsie » ou des crises « épileptiformes ». Aujourd’hui, comme pour l’être humain, on sait
que le chien n’est pas fou : ce que l’on appelle en effet « épilepsie » ce sont des
crises résultant d’un fonctionnement électrochimique anormal du cerveau,
produisant des symptômes moteurs caractéristiques (convulsions) et d’autres
manifestations variables (selon l’origine cérébrale de l’anomalie). Le
diagnostic de la maladie est difficile, il s’effectue souvent en excluant
d’autres hyothèses (hypoglycémie, intoxications etc) : ainsi l’âge
d’apparition des crises ; chez un très jeune ou un très vieux, l’apparition
de convulsions chien doit orienter vers une autre hypothèse (malformations ou
tumeurs).
Des races prédisposées
S’il est épileptique votre chien est
probablement un mâle, d’au moins un an et demi (en moyenne), un Labrador
Retriever, Golden Retriever, Berger Allemand, Tervuren, Setter Irlandais,
Cocker Américain, Bouvier Bernois, Colley ou encore un Beagle… les femelles
sont moins souvent atteintes.
Pourquoi ces crises ?
Les causes
d’une crise « épileptiforme » sont rangées en deux catégories :
-
Si la cause est une atteinte de la structure
du cerveau : l’épilepsie est dite alors secondaire ou symptomatique
-
Si la cause est un dysfonctionnement
cérébral sans atteinte de la structure et l’animal ne présente aucune anomalie
neurologique entre les crises : l’épilepsie est dite alors primaire ou idiopathique (d’origine
inconnue). Les crises se produisent souvent la nuit lorsque le chien dort.
En fonction de l’importance des symptômes, le vétérinaire pourra qualifier de :
- généralisée : lorsque l’animal perd
conscience de ce qui l’entoure, et que l’on observe des troubles moteurs
symétriques, c’est à dire que les manifestations sont bilatérales car la
maladie touche l’ensemble du cerveau (les deux hémisphères cérébraux). Cette
forme concerne 90% des crises.
- partielle : lorsque le chien n’a pas
de perte de conscience, lors de mouvements affectant seulement un membre ou lorsqu’une
attitude anormale associée à une salivation excessive est observée…etc. Dans ce
cas, la maladie ne touche qu’un groupe de neurones. Les symptômes observés sont
le reflet de la zone cérébrale qui est touchée.
Le vétérinaire
parle aussi de crises partielles complexes
lorsqu’il y a une perte de conscience en plus des symptômes concernant le
groupe de neurones touchés.
La forme d’épilepsie qui touche votre chien est elle grave ?
Plus les crises
sont fréquentes plus la maladie est grave…
Si la crise est
longue, les conséquences (augmentation de température corporelle, privation
d’oxygène ou plus généralement d’irrigation des tissus, et gonflement des
structures cérébrales) peuvent être définitives (perte de la vision,
paralysie…) ou mortelles.
L’enchainement
des crises toutes les 30 minutes sans retour à l’état normal est appelé status epilepticus : c’est une
urgence médicale !!!
Le vétérinaire praticien prescrit des anti-épileptiques en fonction de l’importance et de la fréquence de la crise
Les traitements
suivent des protocoles précis, à base d’anti-épileptiques, dont le
phénobarbital est le plus connu. Le traitement, dont le coût est de quelques
euros par jour, est prescrit à vie.
Les anti épileptiques c’est dangereux ?
Au début des
traitements, l’animal dort plus et semble fatigué. C’est normal, certains ont
un effet sédatif important. Il peut être aussi judicieux d’ajuster le dosage à
la sensibilité individuelle du chien traité.
Le traitement
est indispensable pour faire cesser les crises, mais effectivement certaines
molécules sont censées être toxiques pour le foie (phénobarbital, primidone,
phénytoïne) car elles modifient son fonctionnement (la concentration sanguine
de certaines enzymes hépatiques augmente ainsi que la taille des cellules du
foie) ou sur le pancréas (bromure de potassium) elles peuvent aussi
entrainer des parésies (bromure). Cette toxicité survient lorsque les doses
sont excessives. Elle est souvent réversible, et une surveillance bien conduite
et régulière (analyses sanguines) permet d’éviter le surdosage et des dommages
définitifs. On recherchera donc la dose idéale : peu de toxicité et de
somnolence, et le moins de crises possible ou, tout du moins, des crises de
fréquence et d’intensité faibles.
Et quand mon chien n’est pas réceptif au traitement ?
Les réactions
individuelles sont très diverses, certains chiens ne sont pas réceptifs à certaines
molécules, comme par exemple les Bergers Allemands, les Saint Bernard et les
Setters Irlandais au phénobarbital. Le vétérinaire devra alors essayer une
autre molécule ou associer son premier choix avec un autre principe actif.
Le traitement
est parfois difficile à ajuster et rarement proposé pour une crise isolée.
Les traitements
homéopathiques ou à base de plantes n’ont pas fait la preuve de leur efficacité
sur les convulsions mais ils peuvent contribuer à éviter l’apparition des
crises en diminuant les états de stress par exemple…
Dr Muriel ALNOT, vétérinaire pour La Compagnie des Animaux
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