vendredi 29 avril 2016

Mon chien fait des crises d’épilepsie

A entendre le mot « épilepsie » tout le monde imagine aussi tôt un chien couché par terre tremblant et bavant… c’est presque ça ! Le terme vient du grec ancien epilambanein qui veut dire « prendre par surprise ». Si l’épilepsie est un mal observé chez l’humain depuis l’antiquité, en médecine vétérinaire, sa reconnaissance et sa prise en charge sont plus tardives. Cette maladie est en effet bien décrite chez le chien, pour qui elle existe sous plusieurs formes.


C’est votre vétérinaire qui fera le diagnostic


Plusieurs types de manifestations anormales peuvent être suspectées d’être « de l’épilepsie » ou des crises « épileptiformes ».  Aujourd’hui, comme pour l’être humain, on sait que le chien n’est pas fou : ce que l’on appelle en effet « épilepsie » ce sont des crises résultant d’un fonctionnement électrochimique anormal du cerveau, produisant des symptômes moteurs caractéristiques (convulsions) et d’autres manifestations variables (selon l’origine cérébrale de l’anomalie). Le diagnostic de la maladie est difficile, il s’effectue souvent en excluant d’autres hyothèses (hypoglycémie, intoxications etc) : ainsi l’âge d’apparition des crises ; chez un très jeune ou un très vieux, l’apparition de convulsions chien doit orienter vers une autre hypothèse (malformations ou tumeurs).

Des races prédisposées


S’il est épileptique votre chien est probablement un mâle, d’au moins un an et demi (en moyenne), un Labrador Retriever, Golden Retriever, Berger Allemand, Tervuren, Setter Irlandais, Cocker Américain, Bouvier Bernois, Colley ou encore un Beagle… les femelles sont moins souvent atteintes.

Pourquoi ces crises ?


Les causes d’une crise « épileptiforme » sont rangées en deux catégories :
-       Si la cause est une atteinte de la structure du cerveau : l’épilepsie est dite alors secondaire ou symptomatique
-       Si la cause est un dysfonctionnement cérébral sans atteinte de la structure et l’animal ne présente aucune anomalie neurologique entre les crises : l’épilepsie est dite alors primaire ou idiopathique (d’origine inconnue). Les crises se produisent souvent la nuit lorsque le chien dort.

En fonction de l’importance des symptômes, le vétérinaire pourra qualifier de :


- généralisée : lorsque l’animal perd conscience de ce qui l’entoure, et que l’on observe des troubles moteurs symétriques, c’est à dire que les manifestations sont bilatérales car la maladie touche l’ensemble du cerveau (les deux hémisphères cérébraux). Cette forme concerne 90% des crises.

- partielle : lorsque le chien n’a pas de perte de conscience, lors de mouvements affectant seulement un membre ou lorsqu’une attitude anormale associée à une salivation excessive est observée…etc. Dans ce cas, la maladie ne touche qu’un groupe de neurones. Les symptômes observés sont le reflet de la zone cérébrale qui est touchée.
Le vétérinaire parle aussi de crises partielles complexes lorsqu’il y a une perte de conscience en plus des symptômes concernant le groupe de neurones touchés.


La forme d’épilepsie qui touche votre chien est elle grave ?


Plus les crises sont fréquentes plus la maladie est grave…
Si la crise est longue, les conséquences (augmentation de température corporelle, privation d’oxygène ou plus généralement d’irrigation des tissus, et gonflement des structures cérébrales) peuvent être définitives (perte de la vision, paralysie…) ou mortelles.
L’enchainement des crises toutes les 30 minutes sans retour à l’état normal est appelé status epilepticus : c’est une urgence médicale !!!

Le vétérinaire praticien prescrit des anti-épileptiques en fonction de l’importance et de la fréquence de la crise


Les traitements suivent des protocoles précis, à base d’anti-épileptiques, dont le phénobarbital est le plus connu. Le traitement, dont le coût est de quelques euros par jour, est prescrit à vie.

Les anti épileptiques c’est dangereux ?


Au début des traitements, l’animal dort plus et semble fatigué. C’est normal, certains ont un effet sédatif important. Il peut être aussi judicieux d’ajuster le dosage à la sensibilité individuelle du chien traité.
Le traitement est indispensable pour faire cesser les crises, mais effectivement certaines molécules sont censées être toxiques pour le foie (phénobarbital, primidone, phénytoïne) car elles modifient son fonctionnement (la concentration sanguine de certaines enzymes hépatiques augmente ainsi que la taille des cellules du foie) ou sur le pancréas (bromure de potassium) elles peuvent aussi entrainer des parésies (bromure). Cette toxicité survient lorsque les doses sont excessives. Elle est souvent réversible, et une surveillance bien conduite et régulière (analyses sanguines) permet d’éviter le surdosage et des dommages définitifs. On recherchera donc la dose idéale : peu de toxicité et de somnolence, et le moins de crises possible ou, tout du moins, des crises de fréquence et d’intensité faibles.

Et quand mon chien n’est pas réceptif au traitement ?


Les réactions individuelles sont très diverses, certains chiens ne sont pas réceptifs à certaines molécules, comme par exemple les Bergers Allemands, les Saint Bernard et les Setters Irlandais au phénobarbital. Le vétérinaire devra alors essayer une autre molécule ou associer son premier choix avec un autre principe actif.


Dans tout les cas un suivi rigoureux et régulier est impératif.
Le traitement est parfois difficile à ajuster et rarement proposé pour une crise isolée.
Les traitements homéopathiques ou à base de plantes n’ont pas fait la preuve de leur efficacité sur les convulsions mais ils peuvent contribuer à éviter l’apparition des crises en diminuant les états de stress par exemple…


Dr Muriel ALNOT, vétérinaire pour La Compagnie des Animaux

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